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Au sujet de la religion
(placer le nihilisme dans une perspective historique)

Parfois les gens nous écrivent et veulent que nous nous engagions dans leur chasse après de divers "ennemis" : Juifs, Nègres, Chrétiens, Homosexuels etc... Ils ont souvent noté nous ne pensons pas tellement au multiculturalisme, à la démocratie ni aux croyances Judéo-Chrétiennes, que nous favorisons le réalisme, et que nous pensons que Jésus est un raté passif-agressif, seulement un outil de la courante tendance économique d'"égalité" et de "justice". Ils montent quelques textes chargés d'émotions et les envoient, en s'attendant à ce que nous nous joignions à eux dans une (non)sainte croisade contre le Christ et ceux qui le suivent..

C'est une sorte de divertissement de fin de nuit à l'intéreur de travail vraiment important, mais c'est une erreur logique de : (a) penser que nous sommes intéressés à devenir un autre "hate-group", qui se précipite contre des problèmes au lieu de les résoudre, (b) penser que nous sommes tous des athées, et (c) rejoindre la tendance courante de raillerie du christianisme.Tandis que dans beaucoup de pays européens, il y a 100-200 ans, il était strictement interdit de douter de l'existence de Dieu, c'est aujourd'hui devenu une chose populaire de s'engager dans une forme de "matérialisme scientifique" qui a planté ses griffes dans les esprits engourdis des modernistes : "Puisque je ne peux pas voir, toucher ni entendre Dieu, il n'existe pas - donc le christianisme est mérdique".

Ce que cela signifie en termes simplifiés, c'est que nous devrions tous nous accrocher au côté physique de la réalité et renier son côté abstrait. Le fait que ce genre de matérialisme soit pure moralité, qui à son tour contredit l'affirmation qu'il n'y a pas un côté non-matérialiste a la réalité, ne tracasse jamais ces "croisés anti-Chrétiens" du 21-ème siecle. Ils sont contents de donner à Jésus un coup de pied dans le derrière en se félicitant de représenter un point de vue "véridique" et "scientifique", où tout ce en quoi ils croient est basé sur des "faits" (comme si notre point de vue moderne sur les "vérités" humanistes nous avait déja conduits au Paradis). Les hommes d'affaires se frottent les mains, sourient et s'exclament : voici une nouvelle manière de faire de l'argent rapidement - commencez à créer des produits "anti-Chrétiens" et vendez-les aux gosses, ils vont les adorer. Les jeunes sans suspicion se jettent dessus comme si c'était le temps de Noël. Ce "style de vie" n'a rien de différent de celui d'un libéral, un "hiphopper", un gauchiste ou un "emo" ; c'est l'argent qui compte, et ils savent que vous êtes fous.

Alors qu'en soi c'est dérisoire, considérant le fait que le matérialisme est probablement la forme ultime de la moralité Judéo-Chrétienne, l'athéïsme est une autre chose qui vient à l'esprit. Alors qu'ANUS n'est pas un mouvement religieux per se, il est certainement contre n'importe quelle forme de matérialisme superstitieux. Si certains choisissent d'être athées, c'est leur choix -- nous ne nous en soucions pas vraiment. Quant aux croyances religieuses, il me semble qu'ANUS apprécie les formes naturalistes et idéalistes de spiritualisme, perçues dans des religions indo-européennes anciennes aussi bien que dans les croyances panthéïstes. On pourrait dire que nous préférons le genre de personnes capables de percevoir la réalité sur différents niveaux - ce qui peut inclure une forme athéïste ou religieuse d'idéalisme.

Par conséquent, quand les gens nous écrivent et pensent que nous allons publier leurs "articles importants" sur pourquoi le christianisme est mérdique, ils se trompent d'adresse. Pour la même raison pour laquelle nous dédaignons le racisme et la bigoterie, nous désapprouvons le genre de croyances qui dans leur noyau sont réactionnaires ou individualistes. Il n'y a rien au monde qui puisse m'intéresser au sujet d'un article "anti-Chrétien", juste comme je ne me tracasserais pas à écouter un long discours sur pourquoi le mélange de races est déstructif et c'est tout. Sur ANUS nous tendons à penser en termes productifs purs : si A est fou, nous le remplacerons avec un B sain. Si A s'avère être le Judaïsme et B semble être une forme naturaliste de la même croyance, alors nous en sommes satisfaits. Mais passer son temps à taper sur A et oublier d'introduire B serait de notre point de vue équivalent à glorifier A. Les racistes et les "anti-Chrétiens" travaillent de la même manière : ils se concentrent sur être "anti", pleins de haine, et concentrés sur le problème lui-même jusqu'à ce qu'il devienne une religion (comme avec la mort et le Christianisme). Par conséquent ils font partie du problème, car ils n'ont pas vu pourquoi l'Union Soviétique a échoué ni pourquoi notre société moderne est également en train de suivre le même chemin : si nous n'avons rien avec quoi remplacer l'ordre des choses actuel, nous sommes automatiquement réduits au plus bas dénominateur commun - et l'histoire nous montre que c'est la racine à pourquoi la plupart des grandes civilisations sont devenues des ruines en quelques années.

Ceux qui nous écrivent afin de rassembler plus de ceux qui se précipitent contre n'importe quelle religion, appartiennent au même parti confus. Nous ne haïssons pas les religions et nous n'allons certainement pas joindre la tendance d'action futée qui consiste à donner des coup de pied à ce qui meurt déja - pourquoi le ferions-nous ? Il y a actuellement un surpeuplement massif, et qui continue, des cultures entières sont normalisées et réduites à se nourrir du fourrage consumeriste, et les politiciens au pouvoir sont corrompus et promeuvent l'argent et l'avarice/convoitise comme les buts les plus élevés dignes des efforts de nos sociétés. Dans tout ce désordre, pourquoi choisirions-nous de nous masturber au sujet de l'évident échec de la croyance Judéo-Chrétienne ? Seulement un individu incliné à l'auto-congratulation choisirait de s'arrêter sur la route, sauter de haut en bas sur un cheval mort et crier : "papa, papa, regarde ici, je bats la merde hors de ce cheval mort, ne suis-je pas fort?"

Au lieu de cela, vous constaterez que plusieurs membres intelligents de ce site sont soit Panthéïstes, soit Païens ou Hindous. Ils sont déjà passés au-dessus de la mort de Jésus et à la place se sont concentrés sur leurs origines et leur culture, où les vieilles traditions et cérémonies religieuses sont une partie normale de l'existence humaine. Qu'ils considèrent Krishna comme une déité physique ou Balder en tant qu'un idéal symbolique pour lequel combattre, ils ont trouvé plusieurs vérités dans les connaissances religieuses anciennes, que la croyance moderne : convoitise et individualisme ne pourrait jamais leur fournir. Il semble qu'ANUS est plus intéressé à explorer les aspects spirituels et idéalistes du nihilisme, plutôt que recourir au réactionisme sans signification. Ceux qui peuvent faire une marche dans une forêt magnifique durant l'autômne en employant le nihilisme pour cette l'expérience et ensuite peignent un beau tableau d'une scène de la nature sont probablement cent fois plus nihilistes qu'un débile assis dans un club avec ses amis en train de faire du headbanging au nouveau groupe de Black Metal générique "anti-Chrétien", où les paroles semblent être écrites par un raté de 12 ans dysfonctionnel en besoin pressant d'eugénisme.

Cependant, il est facile de voir pourquoi la religion a gagné une si mauvaise réputation pendant certaines périodes de temps, telles que celle de l'Illumination. L'Europe était à ce moment-là entre les mains d'une forme Occidentalisée d'une croyance judaïque, clamant l'autorité absolutiste d'une divinité vivant dans un monde moral externe, séparée de notre réalité naturelle. Tandis que le criticisme des humanistes était simplement une question d'individualisme ("je n'ai besoin d'aucun Dieu, les êtres humains sont le centre de l'univers"), il y a eu ensuite une perception bien plus aigüe de pourquoi la croyance Judéo-Chrétienne était plus ou moins aliénée : ils ont transformé les lois morales elles-mêmes en idéaux, ce qui signifiait que les gens ont remplacé la référence (réalité) par le symbolisme (Jésus a marché sur l'eau, qu'en diriez-vous d'essayer aussi ?).

Quand le Romantisme s'est propagé dans l'Europe, la croyance spirituelle était devenue de nouveau un aspect important de l'existence humaine. Cependant, contrairement à la croyance chrétienne traditionnelle, les Romantiques ont transformé l'absolutisme autrement moralisant en une forme idéaliste de naturalisme. Dieu était dans les arbres, les animaux, dans la réalité - en tout ce qui constitue la vie. Mené à sa conclusion logique, cela a conduit à l'identification de Dieu en tant que force spirituelle symbolisant notre monde, ce qui pour un philosophe se traduit comme "intégralisme" : la croyance que nous comme individus ne pouvons pas être séparés du monde dans l'ensemble, et que toute évaluation morale d'un point de vue individuel devrait servir de moyen pour vivre en totale symbiose avec les mécanismes internes de notre réalité.

En d'autres termes, le point de vue Romantique sur la religion était un point de vue holistique, opposé à la base originale de la fondation du christianisme : révolte d'esclaves contre l'aristocratie par différents moyens de la guerre psychologique (pitié, passivité-agressivité, humanisme). Dès que la modernité s'est éveillée en Europe, le matérialisme a remplacé la plupart des formes de croyance spirituelle et religieuse. Bien que peut-être souvent déguisés en "athéïsme", qui signifie littéralement seulement "ne croire en aucun Dieu", les modernistes ont élevé l'humanisme à sa hauteur en affirmant les idéaux matérialistes : s'accrocher au côté physique de la réalité. Tandis que la religion dans les temps antiques servait souvent de forme de communication entre les éléments paradoxals dont la réalité est constituée (physiques et abstraits), l'humanisme matérialiste est devenu une expression de la crainte de la mort : chaque vie humaine était sacrée, en regardant d'une perspective purement matérielle.

Tandis que cette crainte de la mort avait discutablement été le noyau du christianisme depuis ses premiers jours d'existence, elle est maintenant devenue rampante et a éclaté vers la situation à laquelle nous faisons face aujourd'hui : les gens se distraient avec n'importe quoi (les téléphones portables, le Black Metal, le travail, les drogues, la sodomie) afin d'échapper au vide inhérent de la vie et ses côtés désagréables (viol, guerre, mort). En plaçant le nihilisme dans une perspective historique, il est absolument crucial de comprendre l'origine de la pensée derrière la sorte de pensée post-moderniste que les philosophes comme Nietzsche et les artistes comme Kraftwerk sont parvenus à exprimer dans un sens artistique : dès que nous nous dépouillons de notre moralité, notre culpabilité et notre technologie, nous sommes laissés avec le vide de la vie lui-même, et plus nous essayons de le "comprendre", moins nous pouvons parler de quelque chose comme étant "vrai".

De ce point de vue, la vie devient sans signification. Tandis que Nietzsche avait peur de cette forme de nihilisme, car il la voyait comme la fin de nobles idéaux et traditions, Kraftwerk nous a avertis sur la façon dont notre technologie nous mécaniserait en robots sans vie, créant un monde subjectif de "tâches importantes" qui à la fin ont signifié... rien. C'est le noyau du nihilisme d'un point de vue post-moderniste : vérité ? Il n'y a aucune vérité. Dieu ? Dieu est mort quand vous avez cessé de croire. Bonheur ? Rien ne dure pour toujours. Paix ? La guerre est réelle. La connaissance ? Que voyez-vous, sinon juste des symboles de ce qui existe réellement ?

Dès que les gens de la société moderne atteignent ce niveau, ils auront perdu leur connexion spirituelle avec la réalité, la volonté de se battre même si la bataille manque de signification, la beauté de peindre des paysages même si personne n'est capable de représenter la réalité de façon à 100 % objective. En fait, selon la "croyance" post-moderniste, nous sommes déja dans ce processus en ce moment. Ce que les Hindous appellent "Kali Yuga", le Nordiques choisissent de l'appeler "Ragnarök" : le moment où les forces du bien rencontrent les forces du mal, jusqu'à ce que les deux périssent et deviennent néant (commençement = fin). On dit qu'après celà, un monde nouveau et sain va encore une fois naître des cendres de l'ancien. Nietzsche l'a affirmé en ne se détournant jamais de son héroïsme, tandis que Kraftwerk est parvenu à créer la beauté dans l'art synthpop en manipulant le vide de notre société industrielle dans un jet coulant d'idéalisme : tous ceux qui osent accepter le vide de la vie et rejeter les choses que nous choisissons de créer afin de cacher ou échapper à notre crainte de ce même vide, sont juste des chauffeurs sur l'autoroute. Voyageant vers où, vous demandez ? Toujours en avant mon ami, toujours en avant...

17 Octobre 2006

Our gratitude to "Sofiana" for this translation.


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